Etape 08 : Le Salem Express, visite d’un sanctuaire marin !
par Philippe LAHOUSSE – photos de l’auteur
Le Salem Express est sans doute l’une des épaves les plus controversées de la mer Rouge car son naufrage, en décembre 1991, reste encore aujourd’hui l’une des catastrophes les plus meurtrières du transport maritime de passagers. Construit par les chantiers navals français de La Seyne-sur-Mer, ce car-ferry a été lancé en 1966 en tant que Fred Scamaroni et effectuait des liaisons entre la Corse et le continent. Après avoir changé de propriétaire à plusieurs reprises, il est racheté en 1988 par la compagnie égyptienne Samatour Shipping Co. qui lui donne son nom définitif.
Explorer cette épave vous plonge inévitablement dans une atmosphère particulière, empreinte de mémoire et de respect. On se sent tellement petit face à cette immense sanctuaire (115 m de long ; presque autant que le Thistlegorm !) qu’on a peine à l’imaginer couler en une vingtaine de minutes ! Et pourtant, les chaloupes de sauvetage qui gisent encore au pied de l’épave (parfois même toujours reliées à leur bossoir par des câbles métalliques) sont là pour témoigner de la rapidité de la tragédie.
En prenant le chemin de la proue, l’épave devient le théâtre d’un jeu d’ombres chinoises à la démesure de ce gigantesque monument fait de tôles et d’acier. Très vite dans la matinée, le halo du soleil rejoint en effet la coque couchée sur tribord, et les rayons qui s’en échappent encore pour quelques instants apportent la dernière touche à un tableau tout en contre-jour à donner le frisson. L’expérience est radicale. Troublante même ! Sans doute aussi en raison du drame qui s’est joué ici.
Dans la pénombre qui s’installe progressivement, seule la lumière de nos phares et celle de mes flashs permettent d’apprécier la diversité de la faune fixée qui continue son long travail de colonisation de l’épave. Ici, pas de belles arborescences d’alcyonaires ou de gorgones mais essentiellement des coraux durs et des éponges encroûtantes colorées qui apportent une touche de fantaisie à la sobriété de ce décor monumental. Un environnement qui semble d’ailleurs parfaitement convenir aux syngnathes (Corythoichthys flavofasciatus) à en juger par le nombre d’individus présents sur ce récif artificiel.
A l’avant, la porte d’étrave basculante (une innovation technique malheureuse qui sera abandonnée par la suite) est toujours entrouverte. Moins cependant que la dernière fois que je l’ai vue car l’épave bouge toujours au grès des courants et des tempêtes. Lors de la collision sur le récif de Sh’ab hum Dallah situé à une centaine de mètres de là, elle n’a pas résisté et a contribué à faire sombrer le navire rapidement. Mais pour accéder au garage, le passage est beaucoup trop étroit et c’est vers l’arrière du navire qu’il va falloir se diriger.
Après une visite éclair de la passerelle de commandement entièrement vide et un test de maîtrise de flottabilité dans les coursives inclinées de l’épave, la promenade nous amène sur le plat-bord de la poupe.
La corrosion a fini par avoir raison du métal et le nom du navire est aujourd’hui devenu illisible. De toute façon, c’est le ventre du navire que nous sommes venus voir. L’entrée est désormais béante et le garage facilement accessible. Y pénétrer, c’est un peu comme entrer dans un lieu sacré ; ça ne laisse pas indifférent ! Nous n’irons cependant pas beaucoup plus loin, laissant à cette épave la part de mystère qu’elle mérite. Pour l’heure, elle a déjà pleinement rempli son rôle : celui de transmettre la mémoire d’un événement à des visiteurs qui ne pourront plus jamais l’oublier…
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