Etape 5 : Giannis D… l’épave qui fait tourner les têtes  !

par Philippe LAHOUSSE – photos de l’auteur

Après Ras Mohammed ce matin, le Ramadan 3 reprend la route à travers le détroit de Gubal pour rejoindre le dangereux récif affleurant de Sha’ab Abu Nuhas, tant redouté des navires de commerce qui empruntent le canal de Suez. A l’évidence, une épave est au programme de la prochaine plongée et je croise les doigts pour qu’il s’agisse du Giannis D, un cargo grec coulé en avril 1983 particulièrement photogénique.

Couchée sur son bâbord, la poupe du Giannis D. offre de belles perspectives quand la visibilité et le courant le permettent.

Bingo, ce sera bien lui ! Je ne sais plus combien de fois j’ai eu l’occasion de visiter cette épave mais l’envie d’y retourner est intacte ! Alors quand le semi-rigide arrive à l’aplomb du site, j’ai hâte de basculer de l’autre côté du miroir pour faire crépiter mes flashs…

Contrairement à la dernière fois, je constate immédiatement qu’il y a assez peu de plongeurs autour de l’épave. Du coup, c’est vers la poupe restée quasiment intacte que nous décidons de nous diriger pour tenter quelques clichés d’ambiance. Pas de chance ! A peine le temps de se positionner qu’une nouvelle vague de plongeurs vient de se mettre à l’eau au niveau du grand portique qui se dresse au-dessus du château du navire. Il faut dire que le Giannis D est la plus fréquentée des 4 épaves qui gisent alignées sur le flanc nord de ce récif maudit pour les uns, terrain d’exploration unique pour les autres. Pas si grave après tout, le navire est suffisamment grand (quasiment 100 m de long) pour que chacun puisse y dénicher son petit coin de paradis perdu.


Cette échelle de mât a aujourd’hui retrouvé une nouvelle fonction décorative…

L’apport permanent de matières nutritives dans cette zone exposée aux courants a permis le développement de splendides alcyonaires aux couleurs vives.

Direction plein sud donc pour regagner la proue isolée du reste du navire et souvent délaissée des plongeurs. Car pour y accéder, il faut d’abord survoler un enchevêtrement de tôles, de modules métalliques disloqués et de débris de bois (témoins de la cargaison) qui font pâle figure face à l’arrière encore très bien conservé du navire. Et pourtant, le mât de charge qui tient encore à l’horizontale au-dessus du fond sableux vaut à lui seul le détour. Un couple de poissons-anges géographiques (Pomocanthus maculosus) y a élu domicile depuis déjà fort longtemps, au milieu d’une faune fixée particulièrement riche en couleurs. Un décor de rêve aussi pour les photographes !

Sur le mât de charge situé à la proue du navire, coraux et éponges offrent à ce couple de poissons-anges géographiques (Pomocanthus maculosus) un territoire haut en couleurs.
La partie centrale du navire n’est plus qu’un amas de tôles et de ferraille qui réserve çà et là de belles surprises comme par exemple cette délicate branche de gorgonaire.
Côté sud, la timonerie du Giannis D est le théâtre d’un jeu de lumières qui, à lui seul, vaut le détour !

Mais il est déjà temps de revenir sur nos pas pour terminer cette plongée par une visite de l’intérieur du navire. C’est toujours une expérience déroutante car l’inclinaison à 45° de l’épave sur son bâbord perturbe à tel point les sens qu’elle peut parfois donner le tournis. Mais comment résister davantage au jeu des lumières qui filtrent au travers des hublots de la timonerie et au ballet incessant des poissons hachettes qui ont envahi les espaces menant à la salle des machines ?!

J’aime terminer cette plongée en faisant le tour de la cheminée qui arbore encore fièrement l’initiale du nom de la compagnie de navigation : « D » pour Danae.

Progresser dans les coursives inclinées à 45° est un exercice périlleux qui peut très vite donner le tournis !

C’est l’occasion de jeter une dernière fois un œil sur l’immense portique qui reste, avec la poupe inclinée, l’une des caractéristiques emblématiques de cette épave. Cette dernière image me laisse toutefois un goût amer car je constate avec regret que l’amarrage répété des bateaux de plongée a fini par avoir raison de l’un des pylônes. En route vers le Ramadan 3 au mouillage de l’autre côté du récif de Sha’ab Abu Nuhas, je me dis qu’avec ce petit aller-retour en semi-rigide, au moins nous aurons limité l’impact de notre visite sur cette bien belle épave qui fait tourner les têtes !

L’immense portique qui se dresse quasiment jusqu’en surface est l’une des images emblématiques du Giannis D. L’amarrage des bateaux de plongée a cependant fini par avoir raison de l’un de ses pylônes !

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