Il n’y a pas que les navires qui s’évanouissent au fond de la mer. Les épaves aussi parfois. En effet, la célèbre épave du Blue Belt (ou Bell), appelée également l’épave aux Toyota en raison de son abondante cargaison en véhicules nippons, a disparu. Plus précisément, elle a glissé tout en bas du récif de Shaab Suedi, sur lequel elle reposait depuis 1977. Posée à l’envers et perpendiculairement au récif, il y a quelques mois encore, avec une proue accessible (18 mètres de fond) et une poupe nettement moins (80 mètres), la totalité du Blue Belt gît maintenant hors de portée de la plongée loisir. Un déplacement surprenant en regard de la taille du navire (103 mètres) et de l’inclinaison relativement modeste du plateau (en rien comparable avec l’Aida et le Numidia, les deux épaves posées quasiment verticalement à Big Brother).

La proue du Blue Belt, photographiée en 2012.

Bien que les faits aient été découverts cet automne, les informations récentes données par le capitaine Jérôme Arnaud, qui sillonne les eaux soudanaises six mois par an sur son voilier le No Stress, permettent de se faire une petite idée : « Lors de la remontée vers l’Égypte cet été, j’ai été confronté à des vents anormalement forts dans le secteur de Shaab Suedi. Nul doute que la forte houle et le courant important ainsi générés ont exercé une forte pression à laquelle les structures vieillissantes n’ont pas résisté. Il ne reste plus que la poignée de véhicules qui avaient été éjectés lors du choc avec le récif. Le Blue Belt repose maintenant en bas du plateau, la partie la plus haute de l’épave commençant à 70 mètres, puis cela descend dans la zone des 100 mètres. »

À noter que ce n’est pas la première fois qu’une épave disparaît ainsi en mer Rouge. Les restes du cargo Yolanda (l’épave aux toilettes), qui avait heurté le récif à Ras Mohamed en 1980, ont eux aussi migré, à la suite d’une tempête, pour des fonds plus calmes mais plus profonds (145 mètres).

Texte Olivier Clot-Faybesse, photos Gilles Di Raimondo