Il y a deux ans déjà, une réunion rassemblait, sous l’égide de Var Tourisme, professionnels de la plongée, administrations et FFESSM sur le thème “sauvetage de la filière de plongée professionnelle”. Une revendication de longue date du SNEPL (Syndicat national des entreprises de plongée loisir), mais qui présentait l’originalité de réunir des représentants de l’État et du secteur du tourisme, ainsi que des acteurs fédéraux ou structures commerciales plongée.
Deux ans plus tard et à l’orée d’une nouvelle saison, où en-est on ? Premier constat, l’effet crise s’est fait ressentir, à l’instar d’autres secteurs d’activité. Dès lors, les entreprises commerciales sont fragilisées et les tensions toujours palpables. Une donne qui n’est pas exclusive à la façade méditerranéenne (voir ici). L’amortissement du matériel, à commencer par le bateau, les locaux et les charges salariales pèsent lourd dans les charges d’une entreprise. Des postes souvent bien allégés pour les structures mixtes ou associatives.
À cela vient s’ajouter une non-application par la France du droit européen, dénoncée par le SNEPL, et le transfert de certains clients étrangers vers d’autres rivages (Espagne, Grèce, Croatie…). « Une réalité, confie un patron de centre. Avant j’accueillais régulièrement des groupes d’Allemands, aujourd’hui c’est terminé. »
Pourtant les choses évoluent, lentement. Ainsi, fin avril, une réunion avait pour but de clarifier les choses sur l’accueil de stagiaires pédagogiques MF1 dans les SCA. Malgré des divergences d’appréciations, la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) du Var a clairement pris position. Ce qui ne serait pas le cas des DIRECCTE des départements voisins. « La situation s’améliore peu à peu, tempère Éric Frasquet, représentant du SNEPL dans le Var. Mais à tout petits, petits pas. Nos interlocuteurs, tous services ou administrations confondus, ouvrent enfin les yeux sur certaines situations entraînant des distorsions de concurrence qui mettent en péril nos entreprises. »
Le sauvetage de la filière de plongée professionnelle reste donc d’actualité. Plusieurs actions sont donc engagées avec le soutien de Var Tourisme :
- Continuer à communiquer largement sur le cadre de référence et les pratiques condamnables auprès de tous les acteurs : associations, maires du littoral, offices de tourisme, services administratifs…
- Faire appliquer par la France les normes européennes de sécurité relatives aux prestations de plongée loisir
- Élections européennes obligent, saisir les candidats pour travailler sur une évolution de la réglementation française au regard des précédentes normes européennes
- Arrêter les distorsions de concurrence
Comme on peut le constater, il reste du pain sur la planche. Notre pays étant l’un de ceux où la plongée est la plus réglementée, il est souvent difficile d’y retrouver ses petits. D’autant que les interprétations varient parfois d’un département à l’autre, d’un quartier maritime à l’autre. Ajoutons à cela une pincée de crise sur fond de guerre des prix et il n’en faut pas plus pour fragiliser des entreprises par nature peu rentables. Surtout dans les bassins à forte concurrence, comme le Var. Pour autant, les professionnels récusent l’accusation de vouloir « casser le tissu associatif » telle que parfois évoquée. « Nous avons bien conscience que ce sont les plongeurs des clubs associatifs qui fournissent une part non négligeable de notre clientèle. Mais il suffit de quelques brebis galeuses, qui jouent sur tous les tableaux, pour dire stop, cela ne peut perdurer. »
Car s’il est vrai qu’en agglomération, sur une même zone de chalandise, la cohabitation entre école professionnelle et club associatif se déroule le plus souvent sans heurts, les attentes des clients n’étant pas les mêmes avec formation rapide dans un cas, étalée sur une saison dans l’autre, la situation est bien différente sur le littoral. Les investissement y sont autrement plus lourds en matériel, infrastructure à terre, moyens nautiques et charges sur du personnel qualifié et légalement déclaré.
À l’heure où l’on parle relocalisation et simplification, il serait bon d’assainir la situation pour redynamiser le marché, au profit de tous. Tant il est vrai qu’à son échelle, la plongée est une industrie locale, pourvoyeuse d’activités et de richesses sur les bassins de pratique et potentiellement pourvoyeuse d’emplois.
Pour aller plus loin :
Note de synthèse du SNEPL.
Fiscalité des clubs associatifs.
Texte et photo D. Deflorin