Le gouvernement a annoncé, vendredi 24 avril, l’autorisation de la pêche aux requins tigres et bouledogues dans la réserve marine de La Réunion. La décision fait partie de huit mesures prises pour accélérer le plan de réduction du risque requin dans l’île.
La nouvelle a suscité consternation et colère chez les défenseurs des squales qui redoutaient qu’une telle « chasse aux sorcières » soit lancée à la suite de la dernière attaque. Le 12 avril, un jeune surfer était en effet mortellement blessé par un requin. Un accident dramatique qui suscita beaucoup d’émotions et relança la polémique. Face à la crise, la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, a visiblement choisi de mettre entre parenthèses les intérêts environnementaux… C’est du moins ce que laisse penser l’une des huit initiatives annoncées vendredi dernier par son ministère : « L’État s’engage à augmenter de 50 % les sorties en mer dans le cadre de Cap Requins, programme ciblé de pêche de requins tigre et bouledogue réalisée par des professionnels. Cette pêche sera autorisée par le préfet à l’intérieur de la Réserve naturelle marine. » Et même si le gouvernement précise que cette pêche « ne correspond cependant en aucun cas à une éradication qui est irréaliste et contraire aux engagements de la France en faveur de la biodiversité », on peut s’interroger sur l’efficacité d’une telle mesure. Dans un communiqué diffusé peu de temps avant l’annonce de l’autorisation de la pêche dans la réserve, l’association Longitude 181 rappelait ainsi : « Les pêches ‘punitives’ des requins menées par le Comité des Pêches de la Réunion sont pathétiques, irresponsables et dangereuses – peut-être même ont-elles favorisé les deux derniers accidents mortels. En effet, en installant, dans les zones balnéaires des appâts – drumlines – pour capturer les requins, le Comité des Pêches attire les requins du large vers la côte. Pire, chaque requin pris à l’hameçon se débat, attirant encore plus de requins et renforçant de fait le risque d’accident. »
Une pétition a été mise en ligne pour maintenir la réserve naturelle marine de La Réunion sans modification des mesures de protection. Longitude 181 s’inquiète d’ailleurs que « l’autorisation de la pêche des requins dans la réserve ne soit qu’un premier pas dans un déclassement progressif de cette réserve accusée de tous les mots ».
Une autre pétition, à l’initiative de Réunionnais, demande également l’arrêt de la « pêche punitive des requins de La Réunion ». De plus, un rassemblement est organisé samedi 2 mai, au port de Saint-Gilles, contre ces captures de squales dans la réserve.
Texte C. Cioni, crédit photo : Olivier Gonthier