Le 22 novembre dernier, la goélette d’exploration Tara est revenue à Lorient après une expédition de sept mois en Méditerranée. Le navire a parcouru 15000 km dans cette mer quasi fermée afin d’étudier la pollution de microplastique flottant en surface. Et les premiers constats ne sont pas bons. Selon Gaby Gorsky, directeur scientifique de Tara Méditerranée, et Maria Luiza Pedrotti, coordinatrice scientifique : « Des fragments de plastique ont été trouvés à chaque relevé de filet et cela de l’Ouest à l’Est de la Méditerranée. Avec une concentration de plastique plus importante observée devant les grandes villes mais également avec des concentrations non négligeables en haute mer. » Au total, ce sont 2300 échantillons qui ont été récoltés pour évaluer entre autres la distribution et l’identification chimique des microplastiques (moins de 5 mm). La manip consistait à laisser traîner un filet à la surface de la mer pendant une heure, sur environ 4,5 km. Ces « traits de filet » ont été réalisés 359 fois. L’étude va aussi porter sur l’interaction de ces microplastiques avec le zooplancton, afin d’évaluer l’impact sur la chaîne alimentaire.
Dès décembre, les échantillons vont être analysés et les premiers résultats devraient tomber au printemps 2015. Mais les scientifiques sont pessimistes. François Galgani, chercheur à l’Ifremer, explique : « La Méditerranée connaît en moyenne les densités de plastique les plus importantes au monde, avec 250 milliards de microplastiques. » Devant l’urgence de la situation, l’expédition Tara avait aussi pour but de sensibiliser les populations à la pollution par le plastique en Méditerranée. Environ 12000 personnes et scolaires ont été reçus à bord du bateau lors de ses 20 escales dans 13 pays méditerranéens. Objectif : expliquer au grand public que tout ce que l’on jette à terre finit à la mer. Il existe pourtant des alternatives au plastique et Tara espère bien faire prendre conscience des enjeux.
Texte C. Cioni, crédit photo : N. Pansiot – Tara Expéditions