Comment reconnaître le grand requin blanc ? 300 dents de la mer
Son corps massif se détache dans le bleu, précédé d’un museau conique et bombé en dessous avec une large bouche composée de 300 dents triangulaires de 6 cm de hauteur. Les yeux sont formés d’un large iris noir. Le dos gris-brun ou gris-bleu s’éclaircit à mi-flanc d’une couleur blanchâtre tandis que les extrémités inférieures des nageoires pectorales sont marquées de noir. Le tout s’achève par une grande caudale en forme de croissant.
Mode de vie : Un requin planétaire
Selon son âge, le requin blanc mène une existence solitaire ou en petits groupes. Son espérance de vie est estimée entre 23 et 60 ans. Il évolue dans les mers tempérées, généralement près des côtes et à 30 mètres de fond. Toutefois, rien n’arrête ce squale ubiquiste, observé aussi bien dans les estuaires, que dans les baies peu profondes, les plages sableuses, les fonds rocheux ou les eaux pélagiques. Un spécimen a même été capturé à 1280 mètres de fond (ce qui demeure exceptionnel). Le régime alimentaire du grand blanc ou les modifications de température liées aux courants peuvent le conduire à migrer sur de longues distances. Il est particulièrement présent en Australie, Afrique du Sud, Californie, et dans les Caraïbes, mais aussi en Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Japon, dans l’Atlantique nord et la Méditerranée.
Comportement alimentaire : Superprédateur
Le grand blanc est un prédateur habile qui ne manque pas de combines pour organiser ses attaques. Il peut déceler une goutte de sang dans 4,6 millions de litres d’eau, détecter les contractions musculaires de ses proies ou encore sortir la tête pour examiner au-dessus la surface. Cet opportuniste semble même coloniser certains espaces en fonction des grands centres de pêche et de traitement industriel du poisson.
Un requin blanc adulte se nourrit par intermittences, avec des intervalles d’abstinence compris entre 45 et 90 jours. Il est fréquemment observé auprès des colonies de phoques et d’otaries dont il raffole, mais peut aussi se contenter de quelques céphalopodes, grands poissons osseux, tortues, oiseaux de mer, crabes, serpents et ne dédaigne pas une carcasse de baleine échouée.
Mode de reproduction : Une faible progéniture
Ovovivipare, le grand blanc atteint sa maturité sexuelle vers 10-12 ans (3,50 mètres) pour les mâles et entre 12 et 18 ans (4 à 5 mètres) pour les femelles. Une portée voit le jour tous les 2 ans, après une durée de gestation estimée entre 12 et 14 mois. Les survivants de l’oophagie sont au nombre de 2 à 10 et mesurent entre 1,20 et 1,50 mètre.
Le faible nombre de portées contribue à la rareté de l’espèce. Les scientifiques estiment que chaque femelle n’en a pas plus de 6 durant toute sa vie. Avec une fécondité moyenne de 7 jeunes, chaque femelle peut avoir un effectif de 45 naissances seulement, sans compter que les petits devront encore subir les lois de la sélection naturelle.
Interaction avec l’Homme : La Mauvaise réputation
Steven Spielberg lui a forgé une réputation de mangeur d’Hommes. Pourtant ces derniers ne font pas partie de son régime alimentaire. Des agressions directes peuvent survenir, mais elles sont rares et dirigées vers les chasseurs sous-marins, surfeurs ou plongeurs évoluant dans le territoire de chasse du grand blanc.
Après le succès des “Dents de la mer”, les pêcheurs se sont mis à traquer le nouvel ennemi public numéro un. Si bien qu’en 15 ans, on estime que les effectifs du requin blanc ont diminué de 80 %, mettant l’espèce en danger de disparition. L’Afrique du Sud est la première nation à l’avoir protégée totalement en 1991, suivie en 1997 par l’Australie. La même année, les États-Unis ont adopté des mesures locales. En Méditerranée, la Convention de Barcelone (1995) le répertorie dans la catégorie « espèces en danger ».
Le grand blanc est aussi menacé par la pollution et les nuisances sonores qui imprègnent le canal de Sicile, un espace maritime convoité par les femelles lors de la mise bas.
Fiche d’identité
- Noms vernaculaires : Grand blanc, requin blanc, lamie (des légendes mentionnent les « lamies » comme étant des sorcières malfaisantes qui séduisaient les hommes pour les dévorer ensuite).
- Nom scientifique : Carcharodon carcharias
- Classe : Chondrichthyes
- Ordre : Lamniformes
- Famille : Lamnidés
- Localisation : Toutes les mers tempérées. Observé surtout en Australie, Afrique du Sud, Californie, et dans les Caraïbes, mais aussi en Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Japon, dans l’Atlantique nord et la Méditerranée.
- Taille et poids moyen : La taille moyenne oscille entre 4 et 5 mètres. Les avis diffèrent sur la taille maximale mais elle dépasse certainement les 7 mètres. Le poids peut excéder 3 tonnes.
- Population : Inconnue.
- Statut de l’espèce : Classée dans la catégorie « vulnérable » par l’UICN.
Texte : Pauline Stefanini. Crédit photo : Vanessa Mignon.