Le FOP (foramen ovale perméable) suscite bien des interrogations dans le petit monde de la plongée. Souvent montré du doigt en cas de MDD (maladie de décompression), il est bon de rappeler de quoi il s’agit exactement et de se demander s’il constitue une vraie contre-indication pour les plongeurs qui en sont porteurs. Un sujet en deux parties, dont vous retrouverez la suite au prochain numéro.
Quʼest-ce que le FOP ?
Les cavités supérieures du cœur (les oreillettes) se composent d’une cavité droite qui achemine le sang des veines au ventricule droit puis aux poumons, et d’une oreillette gauche qui achemine le sang des poumons au ventricule gauche puis à l’ensemble de l’organisme.
Chez le fœtus, dont les poumons ne fonctionnent pas encore, une ouverture (le foramen ovale) est présente au niveau de la cloison qui sépare les deux oreillettes (le septum interauriculaire) pour assurer l’apport d’oxygène à la circulation fœtale. Le foramen ovale permet au sang en provenance du placenta de passer directement de l’oreillette droite à l’oreillette gauche, puis de desservir le reste de l’organisme afin d’apporter l’oxygène nécessaire au développement et à la croissance du fœtus.
À la naissance, lorsque le bébé prend sa première inspiration, un clapet se referme au niveau de l’ouverture entre les oreillettes et est fusionné au septum interauriculaire à mesure que les tissus se développent et rendent l’ouverture étanche. Néanmoins, chez environ 30 % de la population, la fermeture du foramen est incomplète et l’on parle alors de foramen ovale perméable (FOP).
Cette ouverture partielle représente une voie potentielle via laquelle le sang des veines peut passer directement dans la circulation artérielle. Le cas échéant, des bulles peuvent passer directement dans les artères, sans être filtrées par les poumons.
Chez un petit nombre de personnes, le clapet est totalement absent et il subsiste une ouverture au niveau du septum interauriculaire (appelée « communication interauriculaire » ou CIA). Le risque que des bulles atteignent le cerveau via ce passage semble avoir été confirmé par différentes études médicales portant sur des maladies de décompression (MDD) imméritées ou inexpliquées associées au cerveau, subies par des plongeurs qui ignoraient leur foramen ovale perméable avant l’accident. Un rapport médical publié en 1986 semble indiquer qu’un embole gazeux veineux traversant une communication interauriculaire non diagnostiquée ait été à l’origine d’une MDD neurologique chez un plongeur loisir qui avait effectué une plongée de 15 minutes à 38 mètres.
Croyances à propos du FOP et des ombrelles
Cela fait plus de 50 ans que la littérature médicale évoque le risque du passage d’un embole à travers un FOP. Le concept de l’embolisation veineuse artérielle a fait naître l’hypothèse selon laquelle des bulles veineuses pourraient traverser le FOP et provoquer des dommages au cerveau et à la moelle épinière. Bien que la présence de bulles soit courante après les plongées loisir, elles ne dépassent généralement pas le stade de bulles « silencieuses » étant donné qu’elles sont filtrées par le système vasculaire pulmonaire.
Néanmoins, depuis ces premières observations, plusieurs autres rapports médicaux ont évoqué l’existence d’un lien potentiel entre le FOP et la MDD cérébrale, la MDD médullaire, certains types de MDD cutanée et peut-être également la MDD de l’oreille interne.
Les plongeurs se sont rapidement accrochés à ce concept. Lors de l’examen de l’aptitude physique des individus à la plongée, les questions des plongeurs concernant le FOP figurent presque toujours en tête de liste. DAN est également bombardé de questions sur le FOP.
Avec le développement de dispositifs de fermeture percutanée (sans chirurgie) du FOP, appelés « ombrelles », cet intérêt a atteint son summum. En Europe, ces dispositifs sont disponibles à la vente et homologués pour la fermeture du foramen ovale perméable ou de la communication interauriculaire. Aux États-Unis, ces ombrelles font toujours l’objet d’études expérimentales. Elles devraient prochainement être homologuées par le Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques pour le traitement de certaines formes d’accidents cardio-vasculaires causés par des caillots sanguins dont on soupçonne avoir traversé un FOP après avoir été amenés à l’oreillette droite par la circulation veineuse.
Pour réduire le risque de MDD, certains plongeurs professionnels ont dû recourir à la méthode de l’ombrelle. Durant la période de suivi de 3 à 12 mois qui a fait suite à la pose du dispositif, ces plongeurs n’ont plus subi de MDD neurologique. Il est toutefois difficile de s’assurer que cette méthode contribue réellement à une réduction du risque.
Pour en avoir la certitude, il faudrait disposer de plus amples informations sur leurs schémas de plongée avant et après le traitement.
En savoir plus
Pour consulter d’autres ressources sur le FOP et sur la physiologie et la médecine de la plongée, vous pouvez consulter le site de DAN : www.daneurope.org
Retrouvez le texte des Drs Alfred A. Bov. et Richard E. Moon (DAN, Divers Alert Network) et la photo de Daniel Deflorin dans Plongée Magazine n°67