Dans notre dernier numéro, vous avez pu découvrir la première partie de cet article sur le FOP (foramen ovale perméable). Pour clore le sujet et déterminer s’il s’agit d’une vraie contre-indication à la plongée, nous vous en livrons la suite.

Peut-on plonger avec un FOP ?

Bien que l’on soupçonne l’existence d’un lien entre le FOP et certaines MDD neurologiques graves, ce lien de causalité n’a jamais été prouvé. En effet, des liens logiques importants entre les mécanismes suggérés et plusieurs faits sont manquants. La présence de bulles veineuses est très fréquente chez les plongeurs loisir. Dans le cadre d’une étude DAN sur les plongées multiniveau répétitives, des bulles veineuses ont été observées par Doppler chez 91 % des plongeurs participant à l’étude (Dunford RG, Vann RD, Gerth WA, Pieper CF, Huggins K, Wachholz C, Bennett PB, « The incidence of venous gas emboli in recreational diving », Undersea & Hyperbaric Medicine 29:247-59, 2002).

Bien que 20 à 30 % des plongeurs soient susceptibles de présenter un FOP, une MDD ne se produit que dans 0,005 à 0,08 % des plongées récréatives. Ce chiffre est clairement inférieur aux 5 ou 6 % auxquels l’on pourrait s’attendre si chaque plongeur présentant un FOP et des bulles veineuses développait une MDD. Sur la base des données actuelles, on estime entre 0,002 et 0,03 % le risque de MDD caractéristique de celles qui sont associées à un FOP.

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Pour qu’une MDD se produise, d’autres facteurs doivent être présents, tels qu’une charge de bulles ou quelque autre facteur de susceptibilité jusqu’ici inconnu, impliquant peut-être les tissus de l’organisme. On pourrait envisager que le FOP constitue un marqueur de susceptibilité (comme les cheveux roux constituent un marqueur de susceptibilité aux coups de soleil) mais qu’il n’est pas directement lié à la MDD.

Des études cliniques se sont penchées sur la corrélation entre le FOP et les lésions neurologiques, en particulier les lésions graves, mais celles-ci ne représentent qu’un tiers des MDD. La plupart des cas de MDD chez les plongeurs loisir sont caractérisés par des douleurs ou des anomalies sensorielles, mais personne n’a encore montré que le FOP était lié à ces cas. La MDD cutanée fait exception, mais ce type de MDD est rare. Seul environ un tiers des cas de MDD chez les plongeurs loisir est considéré comme grave.

Si 60 % des plongeurs ayant subi une MDD « grave » présentent un FOP, et que 25 % des plongeurs ayant subi une MDD « non grave » présentent un FOP, on peut estimer que la plupart des cas de MDD se produisent chez des plongeurs qui n’ont pas de FOP.

Associer un fait courant (le FOP) avec une maladie rare (la MDD) est une erreur fréquemment commise. Il est par ailleurs possible que cette relation erronée ait une incidence sur les données concernant la MDD et le FOP.

Les plongeurs devraient-ils fermer leur FOP ?

foramen-ovale-permeableLes plongeurs qui envisagent de recourir à une telle intervention doivent être conscients de plusieurs aspects. La pose d’une ombrelle présente certains risques. Selon les données soumises au Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques par le fabricant de l’ombrelle AMPLATZER® PFO Occluder, sur 442 poses d’ombrelle, 7 cas ont présenté des complications graves, dont une arythmie cardiaque requérant un traitement majeur, une embolisation du dispositif (le dispositif se détache dans l’oreillette et est emporté dans la circulation sanguine) requérant un retrait chirurgical ou percutané, et une défaillance du système utilisé pour insérer le dispositif.

D’autres articles récemment publiés dans des revues médicales ont fait état de complications telles qu’un mauvais placement du dispositif, une embolisation du dispositif, une altération du rythme cardiaque, une perforation du cœur, des dommages aux veines, un saignement, et une formation de caillots sanguins dans les oreillettes. Parmi les complications tardives a également été citée la mort soudaine.

L’un des objectifs visés par la commercialisation de ces ombrelles est la prévention du passage de caillots sanguins à travers le FOP vers le côté gauche du cœur, d’où ils pourraient être acheminés vers le cerveau et provoquer un accident cérébro-vasculaire. Toutefois, même pour la prévention de caillots sanguins récurrents, l’efficacité de l’implantation d’un dispositif par cathétérisme n’a pas été démontrée.

Quant à savoir si la fermeture d’un FOP peut prévenir la MDD, aucune preuve scientifique n’existe à ce sujet.

En conclusion

En bref, le FOP ne représente pas nécessairement une contre-indication à la plongée. S’il était démontré qu’un FOP prédisposait un plongeur présentant une embolie gazeuse veineuse à la MDD en fournissant aux bulles un passage vers la circulation artérielle, la stratégie la plus sûre consisterait à réduire la charge de bulles veineuses en développant différentes procédures de décompression, en limitant le temps au fond, ou en utilisant des mélanges gazeux enrichis en oxygène.

En savoir plus

Pour consulter d’autres ressources sur le FOP et sur la physiologie et la médecine de la plongée, vous pouvez consulter le site de DAN : www.daneurope.org

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Retrouvez le texte des Drs Alfred A. Bov. et Richard E. Moon (DAN, Divers Alert Network) ainsi que la photo de Daniel Deflorin dans Plongée Magazine n°68

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