Même les meilleures choses ont une fin, dit le fameux adage ! En plongée, lorsque votre guide tend le pouce vers le haut, cela signifie le début de la remontée. Mais attention, une vitesse de remontée adaptée est nécessaire afin d’éliminer correctement une partie de l’azote accumulé au fond et d’éviter les petits soucis barotraumatiques. Voici donc quelques pistes pour maîtriser votre vitesse et terminer vos immersions en beauté.
1/ MAÎTRISEZ VOTRE STAB
Si vous ne trouvez pas vos purges lors de la remontée, vous risquez fort de filer comme un bouchon à la surface une fois arrivé dans la zone des 10 mètres ! L’inertie du gonflage/dégonflage ne s’apprend qu’avec l’expérience du gilet, soyez donc toujours prudent avant de plonger avec une nouvelle stab. Testez-la au sec. Vous pouvez utiliser la purge rapide par à-coups ou la purge lente plus régulièrement. Il n’y a pas de règles établies, mais personnellement je conseille de prendre comme réflexe d’utiliser la purge rapide haute, qui sera toujours efficace, vu que la position privilégiée est verticale tête en haut. Au contraire de la purge lente qui en cas de remontée rapide a tendance à ne pas suffire.
2/ TRAVAILLEZ VOTRE POUMON-BALLAST
Ne gonflez pas votre gilet pour décoller du fond, car vous ne pourrez pas gérer votre vitesse qui augmentera de façon exponentielle à l’approche de la surface, avec tous les risques que cela engendre. Si vous êtes correctement équilibré, vous devriez pouvoir décoller sur une simple inspiration forcée. Si ce n’est pas le cas, ajoutez de l’air dans votre gilet pour parvenir à l’équilibre. Ainsi vous gérez votre vitesse en soufflant plus ou moins fort. Puis lorsque même en soufflant à fond, vous ne freinez pas suffisamment votre vitesse, il est temps de purger. N’oubliez pas l’inertie dans l’eau, il vous faut donc anticiper et pour cela vous devrez trouver des repères et apprendre à les utiliser. Le palmage n’a pas lieu d’être, hormis en cas d’arrêt pour aider à repartir. Vous devriez pouvoir remonter les jambes croisées, c’est seulement Archimède qui vous fait remonter (votre volume est supérieur à votre masse) et non votre force musculaire qui peut entraîner l’essoufflement et une remontée panique.
3/ PRENEZ DES REPÈRES
Utilisez “la bulle”, et pas n’importe laquelle : prenez-en une parmi celles qui ont la taille des bulles de champagne, soit les plus petites, de 1 à 2 mm. Elles montent à 15 mètres/min environ. Ne regardez pas toutes les bulles mais fixez-en une et suivez-la du regard un petit moment, avant de changer pour une autre. Eh oui, en remontant les bulles grossissent et donc accélèrent ! C’est un excellent repère, toujours utilisable, sauf en cas de fort courant. Quand vous suivez à peu près la bulle, sans jamais la dépasser, vous êtes aux alentours de la bonne vitesse, profitez-en pour prendre d’autres informations autour de vous, pour trouver et acquérir de nouveaux repères. Si vous allez plus vite ou qu’en soufflant vous ne ralentissez plus franchement, purgez. Et si vous allez moins vite, ça n’est pas une catastrophe, notamment si vous avez un ordinateur qui recommande une vitesse de 10 mètres/min ! Mais vérifiez que vous n’êtes pas à l’arrêt ou en train de redescendre… Pour cela, utilisez d’autres repères visuels : un bout, un tombant ou un relief, un ordinateur ou un profondimètre, le bateau en surface, le fond, ou encore et surtout, votre guide de palanquée qui doit être le repère numéro 1 pour vous indiquer la bonne vitesse à adopter !
4/ SOYEZ À L’ÉCOUTE DE VOS SENSATIONS
Lorsque vous commencez à maîtriser vos remontées, que vous prenez bien plusieurs repères, concentrez-vous sur vos perceptions. Par exemple, sous l’effet de l’air injecté à la descente dans l’oreille moyenne qui se dilate et sort par la trompe d’Eustache, vos oreilles “craquotent” un peu et c’est normal. Par contre, si elles “sifflent” beaucoup, vous allez sans doute trop vite. Au contraire, si elles ne font plus du tout de bruit et recommencent à “tirer”, alors vous descendez ! À vous de laisser parler vos sens. Sentez le glissement de l’eau sur la peau et la combinaison ou les réactions de votre chevelure, la position de votre corps… Il faudra répéter souvent cet exercice de concentration et de ressenti car cet apprentissage est difficile à acquérir. Mais cela vous permettra ensuite d’anticiper et d’agir même sans repères !
5/ ENTRAÎNEZ-VOUS
En remontant le long d’un bout, laissez vos mains glisser le long de celui-ci pour ressentir tactilement la bonne vitesse et observez simultanément le défilement du bout. Vous pouvez commencer en palmant gilet vide juste pour vous concentrer sur la distance parcourue en comptant mentalement les secondes. Petit à petit, votre main ou juste l’observation du bout vous suffira pour savoir que vous êtes à la bonne vitesse, et vous pourrez en profiter pour regarder autour de vous ou vous concentrer sur d’autres sensations et ainsi acquérir de nouveaux repères.
En pleine eau, avec votre guide, observez les petites bulles, choisissez-en une, montrez-la du doigt et suivez-la pendant quelques mètres, avant de changer pour une nouvelle. Sans les bulles, en palmant en diagonale par exemple avec le bateau en point de mire ou le long d’un tombant, vous pouvez mieux gérer votre vitesse.
Au fond de l’eau, sur le sable, travaillez votre équilibre avec le poumon-ballast pour maîtriser votre décollage. Inspirez à fond et regardez le fond s’éloigner : vous aurez une bonne idée de votre vitesse. N’oubliez pas de souffler légèrement dès que vous aurez décollé d’environ 50 cm. Puis sentez le ralentissement qui s’opère en fonction de vos expirations, l’inertie, etc. Encore une fois cela permettra l’anticipation qui est la clé de tout en plongée !
Les tables de plongée fédérales, établies à partir des tables MN90 de la Marine nationale française, recommandent une vitesse de 15 à 17 mètres/min. Les ordinateurs, eux, sont pour la plupart aux environs des 10 à 12 mètres/min. Ainsi vous remonterez d’un mètre toutes les 4 secondes avec les tables et d’un mètre toutes les 5 à 6 secondes avec un ordinateur. Après un éventuel palier, vous regagnerez la surface à vitesse ralentie de 6 mètres/min, soit un mètre toutes les 10 secondes ! Retenez ces valeurs, elles seront utiles pour vous entraîner et gérer au mieux votre vitesse.
Retrouvez le texte et les photos d’Antoine Mettra dans Plongée Magazine n°62