Le jour où j’ai plongé dans une décharge !
Par Didier LANTZ – Photos de l’auteur
C’était avec impatience et presque les palmes aux pieds que je suis descendu de l’avion à Manado pour toucher pour la première fois la terre Indonésienne et aller me jeter par la plus joyeuse des bascules arrières dans les eaux du détroit de Lembeh.
Détroit aux plongées mythiques d’après moulte récits de plongeurs, magazines spécialisés et autres tour-opérateurs.
Et quelle ne fut ma surprise, et ce ne sera pas la dernière, de constater à mon arrivée à Bitung que le fameux détroit dont tout le monde parle est une zone portuaire.
Qu’a cela ne tienne, ce ne sont pas quelques navires, bateaux et autres rafiots rouillés qui vont m’impressionner !
Après une nuit « réparatrice » me voici sur l’eau dans un bateau de plongée prêt à suivre un guide sympathique comme les autres plongeurs de la palanquée tout aussi excités que moi dans l’attente de découvrir la faune et la flore de notre spot.
Voguant sur ces eaux nos regards se sont croisés, interpellés que nous étions de voir d’innombrables détritus en flottaison.
Voilà nous sommes amarrés à un bout, dans un lieu improbable, aux cotés de barges quelque peu défraichies. Il est temps de finir de s’équiper. Bouteille, phare, appareil photos vérifiés et palmes aux pieds je bascule sourire derrière le détendeur car je vais enfin de mes yeux découvrir les couleurs des fonds du détroit de Lembeh.
Après le « plouf » réglementaire me voici m’enfonçant dans des eaux moins claires que je ne l’imaginais et avec mes complices de palanquée je me stabilise à quelques décimètres du fond.
Fond qui ne ressemble à rien de ce que j’avais envisagé par comparaison mentale avec d’autres fonds réputés que j’ai eu la chance de découvrir de par le monde.
Fond mélange de gris et de noirs avec quelques touches de couleurs.
Et me voici palmant pour découvrir les trésors attendus !
Et de trésors nous en avons découverts par milliers, de toutes sortes. Ils étaient tellement nombreux que cela restera à jamais gravé dans ma mémoire mais également dans celle de mes compagnons de baignades.
Pneus de toutes tailles, bidons de volumes variés, pots de peintures, fût métalliques, fils électriques, bouteilles, canettes et autres déchets non identifiables mais tout aussi innommables et en quantité !
Des couleurs espérées des fonds de Lembeh nous évoluons dans une décharge. Quelque-soit là où le regard se pose nous sommes au milieu des détritus !
Détritus qui parfois ont pris des couleurs marines et d’où émergent quelques lieux de vie.
Et voici notre guide qui fait teinter ses grelots pour montrer à nos yeux ébahis une limace… pardon… un nudibranche de toute beauté puis un autre et encore un autre mais pas seulement !
Pour ne pas nous laisser dans cet environnement insalubre qui abrite quelques merveilles de la nature, nous terminons la plongée par un champs d’oursins noirs servant de refuge à des centaines d’apogons argentés très prisés des aquariophiles.
Comment ces créatures que nous avons croisées, et qui semblent si fragiles, peuvent-elles vivres au milieu de ces déchets et pour combien de temps ?
Même si nos amis poissons nous donne des leçons de recyclage, cela ne peut durer !
Mais que faire ?
Continuer à venir à Lembeh en espérant que le détroit soit nettoyé parce que nous leur ferons prendre conscience ou bien ne plus venir tant que cette décharge à « eaux couvertes » ne sera pas éliminée ?
Telle est la question !