Les poissons multicolores sont sans doute le sujet de prédilection des débutants. Probablement même la principale raison qui pousse nombre de plongeurs à investir dans un appareil étanche : pour montrer à sa famille ces merveilleuses bêtes à écailles rencontrées sous l’eau. Mais si les poissons sont faciles à voir en plongée, ils le sont bien moins à photographier.
Prendre son temps
Photographier, c’est d’abord regarder. Vous avez repéré une jolie bébête ? Observez d’abord sa façon d’évoluer. Bon ok, si c’est une carangue qui passe dans le bleu, on n’a pas trop le temps de réfléchir. Mais s’il s’agit d’un poisson corallien, il y a de fortes chances qu’il soit attaché à son territoire. On a donc le temps de préparer sa photo et de vérifier ses réglages.
Approcher l’animal
Il faut y aller doucement. Équilibrez-vous bien avec le gilet et jouez du poumon ballast. Puis rapprochez-vous lentement en maîtrisant votre respiration. Expirer doucement et longtemps présente deux avantages : vous préparer à l’approche finale et accoutumer l’animal au bruit. Toujours à distance, prenez 1 ou 2 photos. Cela permet d’assurer le coup en cas de fuite et de vérifier que les réglages sont bons. Ne reste plus qu’à passer à l’approche finale.
La distance de sécurité
Chaque espèce a sa propre distance de sécurité. Une vingtaine de centimètres pour une rascasse ou une murène, plus lointaine pour d’autres. Après une bonne inspiration, rapprochez-vous progressivement, en prenant plusieurs photos au fur et à mesure de votre avancée. Rassurez-vous, le flash n’a aucune incidence (hormis en grotte), ce sont davantage vos mouvements ou le bruit qui risquent de le faire fuir. Dès que vous percevez une attitude d’inquiétude (dorsale relevée, rotation, le poisson montrant sa queue…), arrêtez votre progression. Vous avez atteint sa limite de sécurité.
Les laisser venir
Une autre technique, particulièrement valable pour les bancs de petits poissons, consiste à les laisser venir à vous. Il y a toujours un petit curieux qui va s’approcher, entraînant souvent ses copains à sa suite. Pour ce faire, immobilisez-vous avant la distance de sécurité et laissez venir. L’idéal est de le faire en apnée. Revers de la médaille, après une apnée prolongée, il y a toujours une expiration brutale, effrayante. Mieux vaut effectuer des apnées modérées suivies d’expirations les plus douces possibles.
Au même niveau
Évitez de photographier l’animal du dessus, en le survolant. L’image sera plate, grise, sans relief, le sujet se confondant avec le fond. Pour bien photographier un poisson, l’idéal est de se mettre à son niveau, voire en légère contre-plongée. En cela, le compact se révèle une arme bien plus efficace que le gros reflex et ses flashs. En effet, il est possible de prendre un appui du bout du doigt et de rapprocher le caisson en l’abaissant à hauteur de la bestiole, la visée par écran arrière facilitant l’opération.
Le cadre et la composition
Une photo de poisson montrant sa queue en position de fuite est rarement intéressante. Pour une belle image, il doit être de profil ou, mieux encore, de face ou de trois quarts face. Laissez-le évoluer, attendez l’instant où il sera le mieux placé, avec l’attitude la plus pertinente. Plutôt que de l’avoir « plein cadre », il peut être judicieux de l’inclure dans son décor naturel. Prenez garde à ne pas couper une partie de son corps et évitez de le placer au centre de l’image.
La mise au point
Par défaut et faute d’AF évolué, la mise au point s’effectue par le capteur central. Or, si ce dernier pointe sur la pleine eau de l’arrière-plan ou un élément du décor au premier plan, votre sujet sera flou. Il convient d’effectuer une pré-mise au point en appuyant sur le déclencheur à mi-course sur l’œil de l’animal, puis de recadrer légèrement.
Texte et photos Daniel Deflorin