Décidément, ça bouge sur le front des formations de scaphs pros. Petit rappel des faits. Après des lustres de monopole de l‘INPP, c’était au tour du CAP Trébeurden d’obtenir l’agrément de formations au Certificat d’Aptitude à l’Hyperbarie (CAH) Classe II Mention A. Ainsi que l’ENS de St Mandrier. En octobre, cela devrait être au tour de Lorient de proposer une telle formation par l’Afpa, en collaboration avec l’INPP.
Construite par les allemands durant la guerre pour abriter ses U-boats, la base des sous-marins (BDSM) de Lorient est en pleine reconversion. Notamment avec un pôle « courses au large » très dynamique. Un site idéal selon Fabrice Parat, directeur de l’Afpa d’Auray, en charge de ces nouveaux Classe II A : « La BDSM offre un cadre et des infrastructures remarquables, explique-t-il. Un lieu très bien abrité de la houle ou des vagues, des alvéoles de la taille de piscines olympiques avec des coursives et où l’installation d’un pont roulant avec portique pour les opérations de levage, 3 plateaux techniques immergés etc. sont déjà prévus. Et surtout des conditions de plongée au plus près des réalités professionnelles ».
D’un coût de 22.000 €, le premier stage devrait démarrer le 19 octobre prochain avec 20 semaines de formation pour 12 personnes max. Les semaines 1 à 14 se dérouleront à Lorient autour des techniques de plongée, sécurité, soudure, banchage, levage, topographie etc. assurées par l’Afpa et des entreprises locales. Elles seront suivies de 2 semaines à Marseille à l’INPP, pour la certification des plongées profondes. Puis retour à Lorient pour validation du CAH avant, originalité, 3 semaine de stage en entreprise avec Marine and Sub.
Pour se démarquer des autres organismes, M. Parat avance d’autres arguments : « grâce au stage en entreprise, les futurs scaphandriers seront directement opérationnels. De plus, cela fait près de 4 ans que nous travaillons avec le SNETI (Syndicat National des Entreprises de Travaux Immergés) pour instruire le dossier de création d’un titre professionnel niveau 5 de scaphandrier en travaux public, reconnu par le HSE et l’IMCA. Titre que nous seront seuls à proposer, fait-il valoir ».
En effet, alors qu’un CAH Mention A avec quelques modules de base en soudure ou découpage est aujourd’hui suffisant pour entrer sur le marché de l’emploi, la possession d’un titre professionnel supplémentaire incluant de réelles qualifications en travaux publics est actuellement en discussion et pourrait entrer en vigueur dès l’an prochain. « Un tel titre professionnel est déjà intégré dans les formations du CAP Trébeurden, en collaboration avec le Greta 22, précise Laurent Boyer, son directeur ». Quant à l’ENS : « ce titre sera proposé dès que le texte aura été officiellement publié, déclare Jérôme Vincent, directeur. D’autant que chaque professionnel aura du temps pour se mettre en conformité».
En quelques années, on passera alors d’un unique organisme de formation professionnelle à quatre, dont deux en Bretagne ! Tant mieux pour les futurs stagiaires qui auront le choix entre les différents contenus, prix et durées. Mais tous ces nouveaux scaphs seront-ils absorbés par le marché et les entreprises de travaux immergés ? Même si l’on espère un appel d’air sur les énergies renouvelables (éolien offshore, hydrolien…), méfiance : les ROV sont en embuscade, plus économiques sur de simples opérations de routine.
Texte et photos, D. Deflorin