Face aux dégradations croissantes dont est victime la Grande Barrière de corail, inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité, l’Unesco a menacé de déclasser le site pour l’inscrire sur la liste du Patrimoine mondial en péril, à partir de février 2015.
Des critiques récurrentes depuis 2011
L’organisation s’inquiète particulièrement du développement côtier de l’État du Queensland (nord-est de l’Australie) au large duquel s’étend le récif corallien. En mai dernier, elle a condamné un programme d’extension du port d’exportation de charbon d’Abbot Point, qui entraînerait le rejet de plusieurs milliers de mètres cubes de déchets dans les eaux du parc. Un projet loin d’être isolé, puisque la politique de développement côtier dévoilée le 5 juin par l’État du Queensland est essentiellement destinée à offrir des débouchés à l’exploitation des mines de charbon.
345 000 km2 de récifs en danger
La Grande Barrière de corail a été inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1981 et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde, avec 3000 « systèmes » récifaux, des centaines d’îles tropicales et plus de 1500 espèces de poissons tropicaux. Sous l’effet des dérèglements climatiques et de l’intensification des activités humaines, le récif a perdu plus de la moitié de ses coraux au cours des 27 dernières années.
Malgré les avertissements de l’Unesco, les gouvernements de l’Australie et du Queensland ne semblent pas prêts à abdiquer. Toutefois, le 28 mai dernier, une pétition signée par 180 000 personnes a conduit la Deutsche Bank à retirer son soutien financier au projet d’Abbot Point, rapidement imitée par la banque HSBC et par la Royal Bank of Scotland.
Le Comité du patrimoine mondial, réunit le 18 juin à Doha, a affirmé que pour éviter le déclassement de son patrimoine, l’Australie devra mettre en œuvre des mesures décisives visant à limiter le développement industriel du littoral et à restaurer la qualité des eaux de la Grande Barrière.
Texte : Pauline Stefanini
Crédit photo : Evergreen