Un gilet stabilisateur maîtrisé, c’est une immersion facilitée, un équilibre sous l’eau en confort et détente, et une remontée à vitesse contrôlée gage de sécurité. Voici donc quelques conseils pour bien gérer cet animal parfois sauvage que nous nommerons “stab” pour le reste de l’article, comme il en est l’usage sur les quais !
OBSERVEZ-LÀ AU SEC
Globalement, une stab aura toujours les éléments suivants : des purges rapides, diverses poches pour accessoires et/ou plombs et un inflateur/purge situé sur votre gauche qui vous permet d’ajouter l’air à la demande. Regardez la position des purges rapides, gages de sécurité en cas de mauvaise manipulation de l’inflateur. En général, au moins deux sont présentes : une en haut sur l’épaule droite et une en bas au-dessus de la fesse droite. L’inflateur est situé à gauche de la stab, les deux boutons sont en général bien distincts aussi bien en forme qu’en couleur, le petit rond étant normalement celui qui gonfle ! Testez-le pour voir le débit en appuyant plus ou moins fort sur le bouton. Réglez les sangles, surtout la ventrale qui doit bien vous aller (un peu au-dessus de la taille). Ensuite, les sangles d’épaules sont là pour ajuster. Pensez à l’épaisseur de votre combinaison.
TESTEZ-LA
Dans l’eau, le champ de vision est rétréci avec le masque. Ne comptez donc pas sur votre vue pour localiser vos purges ou votre inflateur. Assis, les yeux fermés, cherchez votre inflateur et gonflez-le pour sentir le débit. Utilisez vos purges, vos poches, enlevez les plombs, etc. Cet apprentissage vous permettra d’être bien plus efficace dans l’eau et petit à petit, vous acquerrez des mouvements réflexes ! Cela permet par exemple de gonfler sa stab tout en continuant à regarder un joli poisson sans même y penser !
JOUEZ AVEC SOUS L’EAU
Amusez-vous à gonfler et dégonfler le gilet pour monter et descendre (sur 2 ou 3 mètres seulement, sans jamais oublier de bien expirer en remontant et de ne le faire qu’avec un moniteur prévenu à l’avance à vos côtés). Ressentez la vitesse de gonflage en fonction de l’appui sur le bouton (franc ou doux), l’inertie au décollage, puis videz avec vos différentes purges rapides qui sont au moins au nombre de deux pour une bonne raison, c’est que ce coquin d’air à tendance à se déplacer dans le gilet en fonction de votre position !
ÉCOUTEZ VOS SENSATIONS
On doit se sentir plutôt léger en plongée, comme suspendu par sa stab. Attention aux oreilles : si elles tirent vous descendez, et si elles sifflotent ou craquent vous remontez ! Le premier gilet, c’est le poumon-ballast : pensez-y avant de vous jeter immédiatement sur l’inflateur ou les purges. Une expiration plus importante ou au contraire une inspiration plus franche peuvent souvent compenser une faible variation de profondeur ! Mais pour cela, encore faut-il se rendre compte que l’on change de profondeur…
PRENEZ DES REPÈRES
Pour savoir si vous êtes correctement “gonflé”, vous devez descendre sur une expiration forcée et monter sur une inspiration forcée. Ainsi le fond, la surface, les coraux, les rochers ou les autres plongeurs vous aideront à déterminer si vous descendez, montez ou êtes au contraire équilibré. Si vous êtes constamment sur le fond ou que vos bras poussent l’eau vers le bas pour s’appuyer dessus, vous êtes lourd, donc gonflez un peu la stab. Faites-le toujours par petits coups, cela vous évitera de remonter comme une grosse bulle… Inversement si vous avez les fesses en l’air : “dégonflez-vous”.
LES DIFFÉRENTES STABS
– Réglables : ce sont les plus répandues. Elles sont faciles à appréhender, conviennent à de multiples morphologies et font le bonheur des débutants comme des confirmés. Rapides à enfiler et à régler, très agréables en surface avec la tête toujours bien hors de l’eau, elles se déclinent aujourd’hui en plusieurs “looks”, en version adaptée à la morphologie féminine, et en de nombreuses gammes. Le choix est vaste mais on peut leur reprocher leur manque de tenue car elles ne sont jamais vraiment pile poil à votre taille. Cela entraîne parfois la bouteille dans un tangage pénible et inconfortable, d’autant que les sangles ont parfois tendance à se desserrer. Enfin, si vous devez beaucoup gonfler votre stab, elle vous comprimera la cage thoracique ce qui n’est ni agréable, ni recommandé, et vous devrez donc encore régler vos sangles, ce qui peut devenir pénible à la longue…
– Dorsales : le volume d’air est uniquement réparti dans votre dos. Fini la sensation d’étouffement quand vous gonflez trop le gilet en surface et quelle que soit la quantité d’air injectée dans le gilet, cela n’a aucune conséquence sur votre confort et vos réglages de sangles. Ainsi, grand confort, liberté de mouvement pour vos bras et horizontalité sont au rendez-vous ! C’est la stab privilégiée par les photographes/vidéastes ou par ceux qui voyagent beaucoup car elles existent aussi en version voyage ultralégère. Par contre, la position tête en haut en surface n’est pas naturelle ni très confortable, et il faut quelques plongées pour la régler parfaitement. Attention, les poches sont parfois absentes ou en option !
– Enveloppantes : le volume d’air vous entoure entièrement, même sur les épaules. Ainsi, quelle que soit votre position, ces stabs sont toujours confortables. Et quel que soit le gonflage, le harnais interne ne bougera pas. Elles sont privilégiées par certains moniteurs pour leur robustesse et leur grand volume, toujours rassurant quand on encadre fréquemment des plongeurs en eaux profondes. En contrepartie, on se sent engoncé à l’intérieur et la sensation des boudins à droite et à gauche du visage n’est pas naturelle ni agréable, du moins faut-il s’y habituer.
– Wings : du terme anglais signifiant “aile”, ce sont des dorsales tek ! Elles sont constituées d’une plaque dorsale plus ou moins lourde et d’une bouée en forme de U ou de O. Personnalisables à volonté, chaque élément peut se changer séparément. Robustes, pouvant contenir de gros volumes, elles permettent d’y accrocher un bi-bouteille et de nombreux blocs annexes. Le prix à payer est le poids, l’encombrement, le tarif qui monte vite, la technicité du produit et le sacrifice de quelques plongées pour effectuer les réglages ! C’est la stab des spéléos et des plongeurs très profonds.
Texte et photos Antoine Mettra