La vie nous amène parfois à faire la connaissance de personnages hors du commun. Le Dr. Andrés Clarós est l’un d’entre eux. Sa passion pour la mer l’a poussé à devenir un ardent défenseur du patrimoine marin méditerranéen, mais aussi un des plus importants collectionneurs d’appareils photo sous-marins au monde.
Médecin ORL né à Barcelone en 1956, le Dr. Andrés Clarós vit avec intensité ses deux grande passions : la mer Méditerranée et la photo sous-marine. Comme cela arrive souvent, le virus de la mer a touché Andrés dès sa plus tendre enfance. Durant ses vacances sur l’île de Minorque et sur la Costa Brava, avec ses frères et ses amis, il était la terreur des poissons qu’il poursuivait de son fusil, un Nemrod Carabela Corto offert par son père. Aujourd’hui, plusieurs décennies plus tard, Andrés a pris un tournant résolument philanthropique, avec pour objectif principal de conserver le patrimoine marin de notre littoral. Président de la Federació Catalana per la Cultura i el Patrimoni Marítim i Fluvial et de la Associació de Vela Llatina de l’Ametlla de Mar, le Dr. Clarós est aussi membre de la Sociedad de Buceo Histórico de España (HDS-ES) et de la Historical Diving Society d’Allemagne, de France et des États-Unis. Depuis quelques années, il a également réussi à monter une des plus importantes collections d’appareils photo sous-marins qui existent, avec quelques pièces uniques au monde. Comme il l’affirme lui-même : “Il est de notre devoir de préserver le patrimoine que nous avons reçu pour les générations futures. Mon but est de protéger le patrimoine marin et sous-marin.”
Plongée Magazine : Quel a été ton premier appareil sous-marin ?
Andrés Clarós : Un Nikonos II offert par un proche, pionnier de la plongée et de la pêche sous-marine en Espagne. Il a 96 ans et plonge encore aujourd’hui.
Quand as-tu commencé ta collection, et pourquoi ?
A. C. : Plus tard, j’ai eu un Nikonos IV-A et un V, puis un Calypso et par la suite, un Eumig Nautica Super 8 mm. J’ai pensé avoir chacun des modèles de la série Nikonos, mais c’était très difficile de les trouver via mon réseau habituel, et j’ai laissé tomber l’idée. En 2007, j’ai commencé à rechercher des appareils sur internet, d’abord du matériel Nikonos, puis je suis passé à l’ensemble du matériel argentique. Peu à peu je me suis fait des “cyber-amis” et j’ai établi beaucoup de contacts à travers le monde avec qui je communiquais quotidiennement. Nous avons commencé à nous retrouver à diverses occasions et avons organisé des événements pour montrer nos collections. C’est difficile de dire pourquoi on commence une collection. Peut-être parce que cela représente ce que tu aurais aimé être dans la vie ? Ou parce que c’est ce que tu as utilisé tout au long de ta vie ? Ou pour des raisons esthétiques ? Ou simplement parce que… la seule différence entre un homme et un enfant, c’est le prix de ses jouets ?
Pourquoi des appareils photo sous-marins ?
A. C. : J’ai toujours été attiré par la mer et le monde sous-marin. J’ai aussi un faible pour la photographie et le cinéma. Pour ma profession, j’ai fait des dizaines de milliers de photos médicales. Quand tu as ces deux passions, c’est facile de les conjuguer en une collection d’appareils sous-marins.
Quelles sont les limites de ta collection ?
A. C. : Toute collection doit avoir un début et une fin, sinon cela peut te ruiner sur le plan personnel aussi bien que financier. Je me limite aux appareils avec pellicule, les argentiques, comme on les appelle aujourd’hui. Les appareils numériques et ceux qui ont des fonctions vidéo font partie du présent et du futur, et pour le moment ils ne m’intéressent pas.
Combien de pièces as-tu dans ta collection ?
A. C. : J’ai 700 pièces uniques de caissons étanches et appareils sous-marins, parmi lesquels certains en plusieurs exemplaires car ils comportent des pièces spéciales, sont des prototypes, ou sont des appareils ayant appartenu à des gens connus.
Est-ce que tu as une pièce préférée ?
A. C. : Plusieurs : celles que j’ai mis le plus de temps à trouver, celles qui m’ont demandé le plus d’efforts, le plus d’argent, celles qui sont les plus rares. Les difficultés ou la rareté font que ce sont les pièces les plus convoitées.
Y a-t-il un appareil que tu aimerais vraiment posséder ?
A. C. : Oui, le mythique Pentax Marine 6 x 7, quelques appareils de pionniers européens et la collection d’un collègue américain. Et tous les appareils rares qui pourraient être entre les mains de collectionneurs ou de lecteurs de cet article. D’ailleurs, si une personne souhaite se renseigner sur un appareil en sa possession, qu’elle n’hésite pas à me contacter par mail ! (andresclaros@hotmail.com).
J’ai été impressionné non seulement par ta collection d’appareils photo, mais aussi par le fait que tu cherches à connaître l’histoire derrière chaque pièce. Tu as du matériel ayant appartenu à Hans Hass et Al Giddings, entre autres. Que signifie pour toi collectionner ?
A. C. : Amonceler de la ferraille n’a pas de sens. Si tu ne cherches pas qui, où, pourquoi, comment, les caractéristiques de l’appareil et qui ont été ses propriétaires, ça revient à faire une simple collection d’images. La valeur d’une collection réside dans les histoires qu’il y a derrière chaque objet.
As-tu prévu prochainement une rencontre entre passionnés d’appareils photo sous-marins ?
A. C. : Oui, autour du mois de septembre 2014, nous organiserons le Barcelona Ocean Festival qui entre bien d’autres choses présentera une exposition au Musée Maritime de Barcelone, durant 3 à 6 mois, sur “l’évolution des appareils photo sous-marins en rapport avec l’évolution du matériel de plongée, de 1894 à nos jours”. Elle regroupera différentes collections comme celle de Hans Hass de Düsseldorf, celle du Musée Dumas de Sanary-sur-Mer, celles de Clarós et Clarós-Fraile, entre autres… Nous célébrerons également le 2e Meeting international de matériel photo vintage, avec des intervenants venus d’Europe, des États-Unis et de beaucoup d’autres pays.
BIOGRAPHIE
1956
Naissance le 30 avril à Barcelone.
1957
Août : première traversée en bateau à Minorque.
1966
Il s’initie à la pêche sous-marine.
1978
On lui offre son premier appareil photo.
1981
Docteur en médecine, spécialité ORL.
1983
Naissance de son premier fils.
1985
Naissance de son deuxième fils.
1987
Inauguration de la Clinique Clarós, centre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale à Barcelone.
2000
Création de la Fondation Clarós avec mon frère Pedro, société à caractère non lucratif pour réaliser des interventions chirurgicales gratuites en Inde et en Afrique Centrale.
2006
Il organise personnellement la Fête du patrimoine maritime la plus importante réalisée en Catalogne, sur le monde des pêcheurs (10000 visiteurs sur la journée).
2007
Il commence à collectionner les Nikonos.
2012
Il organise le 1er Meeting international d’appareils photo sous-marins vintage.
2013
Septembre : il organise à Barcelone la soirée “Titanic, 101 ans après”, avec la participation de Christian Petron et Paul-Henri Nargeolet, au profit de la Fondation Clarós.
Texte et potos Jordi Chias (trad. E. Rigollet)